Lors d’un séjour scientifique à Grenoble, j’ai eu l’occasion de participer à un pré-colloque sur la pédagogie de la créativité. C’est déjà la 3ème fois que je participais à ce type de colloque chez Promising et je me réjouissais de retrouver cette communauté très chaleureuse et sympathique qui s’est fort développée depuis ma 1ère expérience en 2016.
L’objectif du programme Promising de l’Université Grenoble Alpes est de développer et cultiver des démarches de design et de créativité pour renouveler la pédagogie dans l’enseignement supérieur par la formation d’étudiants et d’enseignants. Le mini-colloque était destiné à une communauté de scientifiques, principalement des Français, qui se rencontraient dès le lendemain pour discuter de recherches sur la gestion de la créativité et l’innovation.
Nouveauté!
Promising et son équipe d’enseignants-chercheurs ont déménagé dans un nouveau bâtiment en lien avec leur objet de travail : la Maison de la Création et de l’Innovation, un espace partagé pour favoriser les synergies scientifiques et pédagogiques entre création et innovation. S’y croisent notamment les professeurs et chercheurs de l’Université sur l’Innovation et la créativité avec des créateurs du Département Arts du spectacle. On y trouve des espaces de travail collaboratif entre des publics différents et des lieux d’expérimentation pédagogique.
Au programme du mini-colloque
nous avons vécu de nouveaux ice-breakers, écouté une table-ronde sur « Comment former à la créativité ?», testé un serious game de créativité, et expérimenté un format original de réflexivité collective.
Voici quelques inputs que je souhaite partager avec vous. Tout d’abord, l’importance pour la créativité collective de gérer 2 composantes à la fois : le processus créatif et la dynamique de groupe. Pour celle-ci, les différents intervenants ont insisté sur le caractère fondamental de créer la dynamique à 3 niveaux : individuel, petite équipe et grand groupe.
Quelques idées d’ice-breakers à tester :
Pour le grand groupe, demander à chacun de se placer géographiquement dans l’espace par rapport à son lieu de naissance. Cela marche aussi avec le lieu de travail. Cet ice-breaker permet de tout de suite créer un lien entre des personnes qui ne se connaissent pas.
Présentations en One to one : avec des cartes de photolangage: demander aux participants de choisir une photo qui représente leur famille ou leurs origines et une autre leur activité professionnelle. Leur demander ensuite d’aller à la rencontre d’un autre participant pour se présenter.
Pour la petite équipe : se présenter aux autres membres de l’équipe sous 3 aspects : Donner une compétence insoupçonnée (ex: avoir une voix qui plait aux bébés) – si vous pouviez avoir un pouvoir magique, quel serait-il ? (ex: avoir une cape d’invisibilité) – de quelle compétence pouvez-vous faire bénéficier la communauté ici présente?
Échauffement créatif au niveau Individuel : Que peut-on faire avec une feuille de papier? Lister le plus d’utilisation possible – exercice qui peut se faire avec n’importe quel objet.
Exercice : « Comment former à la créativité ?»
Les intervenants qui utilisent des pédagogies créatives ont partagé de nombreux vécus. Certaines échanges ont convergé vers les points de vue suivants :
Passer à une pédagogie créative est un gros défi. Cela ne se fait pas en un jour et il est donc important de procéder par une politique des petits pas, par exemple en changeant la manière d’accueillir les étudiants dans le cours, en trouvant un partenaire de travail, en se formant ou en allant observer comment d’autres enseignants plus avancés procèdent.
Cette pédagogie amène les enseignants à se placer dans une autre posture. On n’est plus dans une posture émetteur-récepteur, c’est-à-dire de l’information unilatérale qui circule des enseignants vers les étudiants, mais bien dans un échange où tout le monde est émetteur et récepteur, enseignant comme étudiants. Les intervenants ont exprimé une forte satisfaction par rapport à ce changement de posture car il leur permet d’également apprendre beaucoup des étudiants.
On n’utilise pas des serious games pour tous les sujets. Ils sont surtout à utiliser pour le développement de soft skills et dans des situations complexes qui sont de l’ordre du dilemme.
Comme exercice de réflexivité collective, nous avons testé le FISHBOWL. Pour cela, il faut installer un grand cercle de chaises de tout le groupe ainsi que 3 chaises au milieu. On invite 2 personnes à venir au centre et on laisse une chaise vide. Une première question est lancée au groupe du centre afin de démarrer une discussion entre eux, dans notre cas « Pouvez-vous expliquer comment s’est déroulé votre atelier (il y en avait 2 en parallèle) et ce que vous en avez retiré ? ». Les personnes qui souhaitent se joindre à la discussion devront se lever, aller s’asseoir sur la chaise vide et participer à l’échange, ceci au moment où elles le souhaitent. En contrepartie, une des personnes assises au centre devra se lever et aller s’asseoir sur une chaise disponible dans le cercle extérieur. Cet exercice peut également être réalisé avec 4 chaises. Il peut aussi servir de format pour une table-ronde avec des experts.
Cet exercice permet de faire circuler la parole de manière posée ainsi que de profiter de la réflexivité des autres, qui peuvent avoir intégré d’autres éléments que nous. Il permet également une gestion du temps sans se couper la parole. Par contre, la mise en lumière au centre a mis plus d’un participant mal à l’aise par le fait de de ne pas vouloir s’exposer au centre ou l’impression de prendre trop la lumière s’ils intervenaient plusieurs fois alors que d’autres ne s’étaient pas exprimé.
Pour terminer ce partage d’expérience, voici quelques outils partagés en open-source par Promising.
https://www.promising.fr/enseignants/la-creatheque-materiel-de-creativite